Les environnements physiques doivent évoluer pour mieux répondre aux besoins des aînés
La demande grandissante dans les soins hospitaliers aux aînés exige d’adapter l’environnement physique pour ceux-ci. Dans les soins de courte durée, où les interventions sont généralement rapides et axées sur les épisodes aigus, les aménagements pensés pour des patients plus jeunes montrent rapidement leurs limites lorsqu’il s’agit de traiter des patients âgés, fragiles et souvent dépendants. Les hôpitaux insensibles aux particularités des aînés favorisent une incidence plus élevée de delirium, de perte d’autonomie, de chutes, de lésions de pression et de dénutrition. Inversement, un centre hospitalier en Colombie-Britannique attribue à son architecture adaptée aux besoins des aînés la diminution des chutes, des éclosions et de l’utilisation des psychotropes.
Des chercheurs plaident depuis plus de 10 ans pour une « culture hospitalière adaptée aux aînés », qui englobe des éléments de design intérieur et d’architecture axés sur la sécurité, la mobilité et le bien-être cognitif des aînés. Ces études montrent que des modifications ciblées de l’environnement physique, même dans les unités de soins aigus, réduisent les risques de déclin fonctionnel et de complications, comme le delirium. Les principes de conception appliqués dans les milieux hospitaliers doivent être repensés pour offrir une meilleure qualité de vie, diminuer la durée de séjour, et réduire le risque de réadmission ou de placement en soins de longue durée. L’environnement physique est maintenant une dimension incontournable pour tous les milieux cliniques.
Un environnement physique adéquat doit inclure des aspects de design innovants et spécifiques aux besoins des aînés. Voici quelques recommandations pour un milieu clinique favorable aux aînés :
1. Utiliser un éclairage doux et indirect pour minimiser les reflets et améliorer la visibilité, tout en réduisant les risques de désorganisation de la pensée.
2. Rendre les informations visuelles, comme les panneaux, facilement lisibles en utilisant de grandes polices et des couleurs contrastées.
3. Prévoir des revêtements de sol antidérapants et contrastés pour éviter les chutes et améliorer la perception de l’espace.
4. Aménager des sièges ergonomiques et accessibles dans les espaces communs et les zones d’attente pour permettre aux aînés de se reposer en toute sécurité.
5. Installer des poignées de soutien dans les chambres et les salles de bain, disposées à des hauteurs adaptées pour faciliter l’accès et réduire les risques de chutes.
6. Utiliser des matériaux insonorisant pour réduire les nuisances sonores, qui peuvent causer de l’anxiété chez les patients atteints de troubles cognitifs.
7. Assurer un apport alimentaire de qualité incluant l’offre de manger-mains.
8. Prévoir des zones d’intimité pour les discussions familiales et les moments de repos, réduisant ainsi le stress chez les patients.
9. Aménager des espaces de marche à l’intérieur de l’hôpital pour permettre aux patients de se déplacer sans risque dans un environnement stimulant.
10. Mettre en place des espaces verts ou des jardins accessibles pour offrir un lieu de relaxation et de connexion avec la nature.
11. Adopter des technologies de suivi de localisation pour alerter le personnel en cas d’égarement chez les patients atteints de TNCM.
12. Intégrer des systèmes de contrôle de l'éclairage naturel pour adapter l’intensité lumineuse en fonction de l’heure de la journée, favorisant ainsi un rythme circadien plus naturel.
13. Proposer des outils interactifs dans les chambres, comme des tablettes, permettant aux patients de rester connectés avec leurs proches et d’accéder à des divertissements.
14. …
L'adaptation des environnements hospitaliers pour les aînés n'est pas seulement une question de confort, mais un impératif de sécurité, de dignité et même d’efficacité. Par exemple, l'analyse approfondie des données de suivi des patients au CUSM citée dans l’étude a montré que, comparativement à une unité de médecine interne générale, la durée de séjour en soins aigus dans l’unité de gériatrie est plus longue (28,7 jours contre 15,1 jours). Cependant, les patients retournant chez eux après leur hospitalisation sont trois fois moins susceptibles de revenir au service des urgences dans les 14 jours suivant leur sortie (5,3 % contre 17 %) et nécessitent moins souvent une réadmission (3 % contre 10 %). Il est temps pour tous les milieux cliniques (hôpitaux, GMF, unités de convalescence, etc.) de prioriser ces améliorations pour répondre efficacement aux besoins d'une population vieillissante.
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Huang, A. R., Larente, N., & Morais, J. A. (2011). Moving towards the age-friendly hospital: A paradigm shift for the hospital-based care of the elderly. Canadian Geriatrics Journal, 14(4), 100-103.
Wong, K. S., Ryan, D. P., & Liu, B. A. (2014). A system-wide analysis using a senior-friendly hospital framework identifies current practices and opportunities for improvement in the care of hospitalized older adults. Journal of the American Geriatrics Society, 62(11), 2163-2170.
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