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Une politique du risque zéro permet d’éliminer les dangers, mais elle élimine aussi la vie …


À l’occasion, je me fais la réflexion que si la société était gérée comme certains centres d'hébergement, il n'y aurait plus de risques, mais il n’y aurait plus de vie non plus ! Il suffit parfois d'un seul événement dramatique pour influencer la pensée d'un professionnel de la santé, ce qui aura des impacts sur la qualité de vie de plusieurs personnes soignées pendant plusieurs années. Si un professionnel de la santé est témoin d'une personne s'étouffant en mangeant, de quelqu'un chutant dans la cour extérieure ou encore de quelqu'un se coupant avec un ustensile, mon expérience est que certains professionnels de la santé deviendront très défavorables à la prise de risque dans l’avenir.

Nous sommes tous témoins que dans la vie, il y a des accidents de voiture, des écrasements d'avion, des accidents en parachute ou plus simplement que des personnes fument la cigarette ou consomment de l'alcool. Toutes ces situations qui augmentent les risques de maladies ou de décès n'ont pas été radiés de nos sociétés. Ainsi, encore aujourd'hui, on prend notre voiture, on voyage en avion, il y a des personnes qui font des sauts en parachute, les fumeurs et consommateurs d’alcool ont toujours le droit d’exister. Jusqu'à maintenant, la société a privilégié la liberté et la qualité de vie à la sécurité. Si on voulait la sécurité à tout prix, il faudrait retirer les risques de notre société et ce serait faisable, mais il n'y aurait plus de liberté et de qualité de vie. Alors, que vaut la vie sans liberté et qualité de vie ?

C’est un peu ce que nous disent de plus en plus de familles dans les milieux de soins. On note la même chose dans le discours scientifique qui est en changement à ce sujet. On retrouve de plus en plus d'études internationales qui s'intéressent à la prise de risque et aux effets positifs de la prise de risque sur la vie des gens. Des études démontrent que les aînés et les proches aidants souhaitent pouvoir prendre des risques afin d'avoir une belle qualité de vie, et cela même dans un contexte de fragilité. Comme en société, il est temps qu'en hébergement et à domicile, on facilite la prise de risque positive pour les personnes soignées et leurs proches. Les valeurs de liberté et de qualité de vie doivent pouvoir l’emporter sur le risque 0 si c’est ce que souhaite la personne soignée.

 

NOUVELLE FORMATION: Trouver l’équilibre dans la gestion des risques (formation 3.19)

Le principal objectif de cette formation est de fournir aux professionnels de la santé et aux personnes soignantes une compréhension approfondie des stratégies de gestion des risques. La formation met en lumière les tendances récentes et les connaissances scientifiques actuelles sur l'acceptation des risques, tout en promouvant une approche centrée sur la personne. Elle vise à concilier les besoins de sécurité avec les libertés individuelles, en proposant des solutions concrètes adaptées à différents contextes, comme les établissements d'hébergement et les soins à domicile.


Sources:

Croft, J. (2017). Enabling positive risk-taking for older people in the care home. NRC, 19(9), 515-519.


Dix, M., Smith, S. (2009). Managing risk positively. A guide for staff in health and social care. NHS Isle of Wight. 38 pages.


Felton et al. (2017). Therapeutic risk-taking: a justifiable choice. BJPsych Advances, 23, 81-88


Blood et al. (2018). Positive risk and shared decision-making. Social Care Wales. Welsh Government.


MacLeod et al. (2023). Shifting the narrative from living at risk to living with risk: validation and pilot-testing a clinical decision support tool: a mixed methods study. BMC Geriatrics


Voyer, P., Allaire, É., Carmichael, P.H. (2021). Sécurité ou liberté en hébergement pour une clientèle atteinte de problèmes cognitifs? Enquête sur les préférences des québécois. La Gérontoise, 32(1), 11-23.

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